Le changement climatique impacte les entreprises de tous les secteurs et celui du textile ne fait pas exception. La mode est souvent pointée du doigt pour son impact environnemental et elle contribuerait pour 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). En Europe, l’industrie textile serait même placée en 4ème position des sources d’impact sur l’environnement, après l’alimentation, le logement et les transports (1). La fast fashion et ses pratiques poussant à la consommation excessive de vêtements jetables et pas chers est particulièrement mise en cause.
Pour y faire face, les pouvoirs publics, mais aussi les entreprises, portées par la demande de certains consommateurs pour une mode plus écologique, cherchent des solutions. La diminution de l’impact environnemental de ce secteur passera nécessairement par la réglementation, une prise de conscience accrue des consommateurs pour des produits plus locaux, mais également par l’innovation des entreprises. C’est ce que nous souhaitons évoquer ici.
Vers une mode circulaire
Aujourd’hui, les marques cherchent de plus en plus à proposer de la “mode durable”, c’est-à-dire des vêtements fabriqués de sorte à ne pas nuire à l’environnement. C’est le cas par exemple de ces marques qui proposent des vêtements ou accessoires fabriqués à partir de déchets plastique ou naturels, par exemple les filets de pêche : les Alcyonides revalorisent les filets de pêche pour fabriquer des maillots de bain éco-responsables, Armor Lux les transforme en lunettes. Friendly Frenchy utilise quant à elle des coquillages ou des pépins de raisin pour des montures de lunettes originales. Plusieurs marques se mettent également à la fabrication de chaussures en utilisant la canne à sucre ou les déchets de pomme (comme les chaussures Zebra en “Appleskin”, “cuir” de pomme). En plus des semelles en canne à sucre, la marque Allbirds fabrique des chaussures à partir de laine de mouton mérinos et a créé une fibre mélangeant eucalyptus, laine et carapaces de crabe rejetées.
Très innovant, Bolt Threads produit plusieurs matériaux, des fibres, à destination de l’industrie textile, à partir de mycélium, ou des fibres de soie fondées sur l’étude des toiles d’araignées pour plus de résistance.
Enfin, une tendance que vous connaissez probablement, les t-shirts et autres vêtements sont de plus en plus souvent fabriqués en coton biologique.
Au-delà des matériaux, les teintures sont également considérées comme polluantes, voire toxiques pour l’humain. Un exemple d’entreprise qui travaille sur le sujet : la start-up Blue & Pastel a imaginé un pigment naturel – le bleu pastel – qui est une alternative à l’indigo synthétique.
Une meilleure gestion de la production
L’innovation dans la mode passe aussi par une meilleure gestion de la production avec l’objectif de limiter la surproduction et donc les invendus. On arrive parfois à une fabrication “à la demande”, où des marques lancent des phases de précommande (les vêtements ne sont pas encore fabriqués) jusqu’à une date limite. A la date indiquée, la commande est passée au fabricant dans les quantités réservées et les clients peuvent être livrés.
Les délais de livraison sont donc plus longs que pour les enseignes classiques, mais les entreprises n’ont pas ou peu de stocks, ce qui améliore l’impact environnemental en plus de limiter certains coûts (stockage, intermédiaires…). Parmi ces marques, nous pouvons citer Plume Paris ou encore Asphalte.
Plus technologique, la plateforme Livetrend utilise la donnée et l’intelligence artificielle pour analyser les tendances, les prévisions de tendance et les annonces des concurrents afin d’émettre des prédictions sur les prochaines saisons. Les enseignes pourront utiliser cet outil pour adapter leur production en réduisant notamment la quantité fabriquée de vêtements et d’accessoires qui risquent d’être “hors tendance”.
Le recyclage comme partie de la solution
Produire mieux et moins, c’est bien, mais que faire des vêtements abimés ou jetés ?
Là encore, plusieurs solutions qui concernent aussi bien les petites que les grandes enseignes, en fonction de l’état des vêtements : la seconde main, la transformation ou le recyclage.
C’est ce que propose par exemple le géant H&M (2) dans son programme de collecte de vêtements déployé au niveau mondial en 2013 : les clients sont invités à déposer leurs vêtements usagés en magasin contre des bons d’achat. Un partenaire de l’enseigne vient ensuite trier les vêtements pour, soit les vendre en deuxième main, soit les transformer en d’autres produits (tissus, chiffons…), soit les transformer en fibre pour fabriquer des matériaux d’isolation.
La seconde main a le vent en poupe, et c’est d’ailleurs ce qui fait le succès actuel des recycleries et des sites Internet comme Vinted ou Leboncoin. Mais plus récemment, le vêtement upcyclé a fait son apparition. Dans ce domaine, on pense par exemple à des marques comme RESAP Paris ou Losanje, qui trient et nettoient des pièces de seconde main ou fin de rouleaux pour les réassembler et créer des modèles originaux et parfois uniques.
Pour finir, une autre innovation dans le domaine du recyclage textile cette fois, le Cetia (Hendaye) travaille sur des machines pour trier les textiles par composition et couleur, isoler les fibres, et séparer automatiquement les semelles de chaussures. Il s’agit de la première plateforme d’innovation dédiée à la recyclabilité textile et cuir. Parmi les nouveautés, l’automatisation de l’arrachage des semelles de chaussures (programme Re-Shoes sur la recyclabilité des semelles), alors qu’actuellement, cette opération est réalisée à la main, ou pas du tout. Tout cela est rendu possible par un investissement en R&D, avec l’utilisation de l’intelligence artificielle, du traitement d’image et de la robotique.
Sources de l’article :
(1) Vie publique – UE : Quelle stratégie pour une industrie textile durable d’ici à 2030 ? https://www.vie-publique.fr/en-bref/284709-ue-pour-une-industrie-textile-durable-et-contre-lecoblanchiment
(2) H&M – Let’s close the loop : https://www2.hm.com/fr_be/developpement-durable-chez-hm/our-work/close-the-loop.html
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