En septembre 2020, l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle) publiait “L’indice mondial de l’innovation 2020” avec le classement des pays les plus innovants du monde. Pour la dixième année consécutive, c’est la Suisse qui arrive en tête, devant la Suède, les Etats-Unis, la France (12ème) ou encore la Chine qui arrive seulement en 14ème position. Le classement considère notamment les capacités et résultats en innovation des pays.
Certains pourraient trouver étonnant de retrouver ce petit pays de moins de 9 millions d’habitants en tête de ce classement. D’autres pourraient insinuer que la localisation de l’OMPI à Genève oriente un peu ce classement. Pour vous donner des éléments objectifs de réflexion, nous vous proposons un petit tour chez nos voisins helvètes.
La Suisse, une terre d’innovation ?
Bien qu’enclavé et sans ressources naturelles, le pays est compétitif et dispose de sérieux atouts pour garder une économie forte, compétitive et pérenne, notamment son marché du travail flexible, sa politique remarquablement stable, ses entreprises innovantes et sa bonne capacité d’adaptation. La Coface indique par ailleurs un environnement des affaires fiable et un niveau très faible de corruption.
Le modèle d’éducation suisse est réputé efficace et ses universités technologiques (EPFL, ETHZ) sont au meilleur niveau international. L’INSEAD (Institut Européen d’administration des Affaires) classe une nouvelle fois en 2020 la Suisse en première position des pays les plus compétitifs en matière de talents, sur 132 pays.
Le pays est également l’un de ceux qui investissent le plus en matière de recherche et développement par rapport à son PIB (plus de 3% du PIB, pour plus de 20 milliards d’euros), en majorité supporté par les entreprises privées. La Confédération, membre de nombreuses organisations internationales de recherche, coopère aussi énormément avec les autres pays dans le cadre de ses programmes de recherche.
Rapporté au nombre d’habitants, il s’agit de l’un des premiers pays pour le nombre de publications scientifiques et de brevets déposés. On le retrouve d’ailleurs en 8ème position en 2020 dans le classement des pays ayant fait le plus de demandes internationales de brevets, Novartis étant en tête des déposants mondiaux, avant Huawei en Chine (source : OMPI).
La Suisse a enfin un excellent taux de réussite pour les projets soumis aux programmes-cadres de l’Union Européenne, avec un bon volume de financement obtenu (bien que le pays ne soit pas membre de l’UE, il participe au financement de la politique européenne de recherche).
Sa performance en recherche et développement, la forte concentration de chercheurs du pays, et sa capacité à créer de la valeur lui permettent d’obtenir en 2020 la 3ème place mondiale dans le Bloomberg Innovation Index.
Et pour en finir avec les classements, dans son rapport “Change Readiness Index” de 2019, qui évalue les capacités des pays à faire face aux changements, KPMG classe la Suisse en première position mondiale. L’index prend en compte à la fois la capacité de changement des entreprises, mais également celles du gouvernement et de la société. La Suisse est première dans les 2 premiers critères.
Le pays semble prôner “l’innovation douce”. Alors que de nombreux pays cherchent l’innovation de rupture avec le numérique, une enquête montre qu’en Suisse celui-ci est considéré plutôt comme un renforcement des processus déjà en place, afin de sécuriser le système économique. Les investissements dans les start-up se font donc en fonction des besoins des entreprises du pays. Pas étonnant donc que beaucoup d’investissements concernent la santé, 32% des exportations du pays concernant l’industrie pharmaceutique. Le domaine des services financiers bénéficie d’un écosystème très favorable et beaucoup de start-up se positionnent ainsi dans la fintech.
Parmi les objets de la vie courante que l’on doit aux Suisses, on compte bien entendu le couteau suisse, mais aussi le gel hydroalcoolique, inventé par le médecin Didier Pitter, le papier aluminium, l’épluche-légumes, la fermeture Eclair ou le Velcro®. Et saviez-vous que c’est également au Suisse Daniel Peter (et pas aux marmottes !), que serait attribuée l’invention du chocolat au lait ? Des produits devenus indispensables aujourd’hui.
Sa position particulière, à la fois au cœur de l’Europe mais en dehors de l’Union Européenne (avec qui le pays forme tout de même une union douanière) ne semble donc pas freiner la Suisse ; malgré sa petite taille et les querelles linguistiques entre ses habitants, elle parvient toujours à tirer son épingle du jeu face aux grandes puissances mondiales.
Quelques entreprises puissantes
Parmi les entreprises suisses les plus innovantes au monde, on retrouve la multinationale Nestlé, la société d’ingénierie ABB ou encore le groupe pharmaceutique Novartis. Toutes trois faisaient d’ailleurs partie du Top 50 des entreprises les plus innovantes du Boston Consulting Group en 2019.
Nestlé, par exemple, basée à Vevey, réalise plus de 83 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018 dans le monde avec des marques de l’industrie agroalimentaires extrêmement connues du grand public : Nespresso, Vittel, Nesquik, Crunch, Maggi, Buitoni, Chocapic, After Eight… Mais aussi Felix ou Purina pour les animaux. Malgré quelques controverses, difficile pour le plus grand nombre de se passer de l’entreprise qui signe en 2020 sa plus forte croissance depuis 5 ans.
Quant à Novartis, situé à Bâle, il est né en 1996 d’une fusion entre puissants groupes chimiques et est aujourd’hui totalement dédié à la santé humaine. Au cours de son histoire, il a fusionné en 2000 son activité agriculture avec celle d’AstraZeneca pour former la société Syngenta, et s’est renforcé au fil des ans avec de nouvelles marques comme Alcon (soin des yeux), Selexys Pharmaceuticals (hématologie), Advanced Accelerator Applications (médecine nucléaire moléculaire), Endocyte (oncologie) ou encore Cadent (neurologie)… En 2013, le groupe dépensait plus de 9 milliards de dollars en recherche et développement et est classé 7ème entreprise la plus innovante au monde par Booz & Company (Strategy&).
Le jet d’eau de Genève
Un pays réputé pour son horlogerie
Difficile d’aborder la Suisse sans évoquer la qualité de son horlogerie et les marques qui ont su faire sa réputation. Ce n’est pas pour rien que les marques horlogères de luxe ont pour la grande majorité élu résidence dans la Confédération, tellement le Swiss Made est associé aux garde-temps haut-de-gamme.
Si la première montre de l’histoire a été fabriquée en Allemagne, en 1504, l’horlogerie a commencé à se développer en Suisse au XVIIè siècle grâce à des Français protestants expulsés par Louis XIV en raison de leur religion. Ils sont bien accueillis en Suisse où des terres leur sont accordées et où ils apportent avec eux de nouveaux savoir-faire, dont l’horlogerie. Les montagnes du Jura leur fournissent le minerai et la puissance hydraulique nécessaires au développement de la mécanique de précision. La Chaux-de-Fonds, une petite ville du canton de Neuchâtel, est ainsi depuis plus de 100 ans le centre mondial de l’horlogerie suisse.
Parmi les marques les plus connues, on retrouve notamment Rolex, Omega, Longines, Patek Philippe, Audemars Piguet, Tissot ou encore Richard Mille. Rolex est celle qui génère le plus grand chiffre d’affaires, mais c’est Tissot qui a vendu le plus d’unités en 2019.
Bien sûr, l’avènement des montres électroniques puis numériques a remis en cause la suprématie des entreprises helvétiques sur le mass-market. Ainsi en 2019, Apple a vendu à elle seule plus de montres que toutes les manufactures suisses réunies (respectivement 28,5 millions et 21 millions).
La Zytglogge (Tour de l’Horloge) à Berne
Un pays qui sait combiner industrie, innovation et écologie
Les universités de Columbia et Yale publient régulièrement leur indice de performance environnementale (EPI), qui prend en compte pour chaque pays l’environnement, la qualité de l’eau, la pollution de l’air, la biodiversité ou encore la gestion du changement climatique. Pour l’année 2020, la Suisse se situe en troisième position mondiale, juste après le Danemark et le Luxembourg et devant le Royaume-Uni et la France.
Le rapport 2019 “Global Travel & Tourism Competitiveness” classe quant à lui la Suisse en première position en matière de durabilité environnementale, avant la Norvège et l’Autriche. Cet indicateur prend en compte l’environnement naturel et les facteurs et politiques le favorisant, estimant qu’il s’agit d’un critère d’attractivité pour les touristes.
Devant la beauté et diversité des paysages et des villes suisses, on ne peut que vous inviter à y séjourner lors de prochaines vacances !
Vue depuis le Château de Gruyères
Ressources :
Indice mondial de l’innovation 2020 – Accéder au rapport
Environmental Performance Index 2020 – Accéder au rapport (EN)
The Travel & Tourism Competitiveness Report 2019 – Accéder au rapport (EN)
Indice de compétitivité mondiale des talents
2019 Change Readiness Index – KPMG – Accéder au rapport (EN)